Traductora: La escritora francesa Françoise Laly.

Paradoxes

« L’aurore vient et nul ne la reçoit dans sa bouche,
car ici il n’y a ni matin ni espoir possible »
Federico García Lorca
Il était un ordre différent, de masques et de rires
Un ressort dissous entre les dents
Ombre
Repos
Tranquillité
Il était aussi un coup de fouet dans les muscles
et il était un garçon
et une immense paire d’yeux délavés
Sable mouvant dans le regard
Ombre de sandales dans les hamacs
L’enfance sombrant dans le geste et le geste
dans la défaite de la chair et la chair
dans l’arbre présageant des matins
Un lieu dans l’absence et un halètement
à contretemps
Ou la désolation dans un enfer glacé
une vérité de plâtre entre les mains
des doigts de brume dans ses mains
et cette immense paire d’yeux délavés
pour soutenir l’espoir

Sur l’autre rive de la nuit.
Graciela Bucci
Extrait de « Un orden diferente »
[Un ordre différent]

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Le mensonge qui sauve

« … chaque mot dit ce qu’il dit, et encore plus,
et encore autre chose »
Alejandra Pizarnik
Pourquoi le bruit pour dire des vérités
Pourquoi dissimuler la main du bruit

Pourquoi regarder, si c’est pour voir le vide
et prétendre que le vide abrite des incertitudes

Pourquoi nous laisser violer par l’injustice
Faire l’amour au blasphème

Pourquoi occuper des lieux censurés,
s’habiller de mots pirates
leur écorcher le visage
creuser une fosse pour cacher les syllabes

Si, en réalité, ce qui soigne,
c’est le mensonge.

Graciela Bucci
Extrait de « Un orden diferente »
[Un ordre différent]

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